Warriors Wild
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.


Les jours se suivent mais ne se ressemblent pas. Incarne un félin et choisis ta race à défendre.
 
AccueilDernières imagesRechercherS'enregistrerConnexion
Le Deal du moment : -39%
Pack Home Cinéma Magnat Monitor : Ampli DENON ...
Voir le deal
1190 €

 

 You believe the world to belong to you.

Aller en bas 
AuteurMessage
Sans Nom

Sans Nom


Messages : 4
Date d'inscription : 20/04/2010

You believe the world to belong to you. Empty
MessageSujet: You believe the world to belong to you.   You believe the world to belong to you. Icon_minitimeMar 22 Juin - 20:23

« Tu crois avoir le monde à tes pieds »
Mais à tes pieds, il n'y a que tes chaussures, mon vieux.
Viendra, viendra pas...

Tu l'observes. Tu le jauges du regard. Quel curieux personnage. La perplexité se lit dans ses yeux, ses gestes, ses expressions. Indécis, il fait quelques pas en avant, puis en arrière, puis commence à tourner en rond. Parfois, il te jette un regard en biais, comme ça, du coin de l'œil ; comme si tu ne pouvais pas le voir. Mais ça t'amuse. C'est vrai, c'est tellement drôle de le voir tergiverser. De le voir te craindre, et appréhender tes réactions ; chercher dans ton corps svelte et harmonieux, fin et longiligne, ce tic qui te trahirait, cette faille dans laquelle il pourrait s'engouffrer pour te contrôler. Te dominer. Mais tu n'échoueras pas. Tu ne feras pas d'erreur. Tu continueras à le darder de ton regard perçant ; tes prunelles n'expriment rien, rien d'autre qu'un vide insondable et blasant, et pourtant on croira discerner dans tes yeux cette lueur de moquerie, ce dédain qui te place au-dessus des autres.

Tu ne le quittes pas des yeux. Il croit pouvoir te piéger, le sot. Ce ne sera pas le cas. Au bout de quarante-trois aller-retours - tu le sais, tu as compté - il se décide enfin à comprendre. Que ça ne servira à rien. Qu'il a perdu. Que tu gagnes toujours. Toujours. Tête basse, regard prudent, il se coule jusqu'à toi, toi silhouette droite et décharnée qui n'as de cesse de le dévisager, toi qui te fonds dans le paysage, comme si tu n'avais jamais existé. D'ailleurs, existes-tu vraiment ? Tu es comme un fantôme, un ectoplasme qui flotte parmi les vivants. On t'ignore, on ne te sait pas. Et quand il faut te faire face, affronter cette... absence de réalité, c'est le choc.

« Hé... Hé, toi. »

Il a hésité. Il a cherché à te nommer. Il a cru qu'il pouvait te nommer. Mais on ne te nomme pas. On ne t'appelle pas. Après tout, tu n'es rien. Mais... tu dois exister, non ? On existe au travers du regard des autres ; y a-t-il du son, s'il n'y a personne pour l'entendre ? Et cet individu, là, il vient bien de reconnaître ton existence ? Oh, et puis c'est trop compliqué. Les guépards ne sont pas faits pour réfléchir comme ça. Il n'y a que toi pour penser à ça. Inconnu.

Tu ne tournes pas la tête dans sa direction. Pas la peine. Tu l'as suivi dans le moindre de ses mouvements ; tu le regardes déjà. L'ambre affronte l'ambre, un combat vient de commencer ; et déjà, l'autre commence flancher. Tu n'as rien à lui témoigner. Après tout, ce n'est ni le chef, ni le lieutenant, ni quoi que ce soit d'élevé ; et même dans ce cas, devrais-tu le traiter avec plus d'estime qu'un enfant ?! Enfin bref... Il n'a aucun pouvoir sur toi ; même si celui desdits hauts gradés n'est que fictif. Sans doute le lieutenant, ou le chef, lui a demandé de former des patrouilles ou on-sait-quoi. Tu ne dis toujours rien. Tu le regardes toujours. Et ça l'angoisse.

« Je... V... Euh... La pile de gibier commence à faiblir, non ? »

Tu l'observes, plus intensément. Qu'est-ce qu'il pouvait être bizarre. Pourquoi ces façons détournées ? Ce regard fuyant ? Cette allusion, au lieu d'un ordre ? Il t'aurait dit « Va chasser », tu serais allé chasser. Tu es quelqu'un de docile, mon Anonyme... Quelqu'un d'effacé. Mais non. Ce n'est pas tout à fait ça. C'est juste que ça ne te pose pas problème. On te demande, d'accord. Et puis, tu ne t'es jamais prétendu au-dessus de ce guépard. C'est lui qui s'est inventé une hiérarchie. C'est un jeunot. Du genre jeune et efficace, à se pavaner avec ses responsabilités toutes fraîches devant les femelles. En général, il suffit de lui lancer une boutade pour qu'il se calme. Ou on s'énerve. Ou en tout cas, on ne réagit pas comme toi. Ce doit être ça. Toi, tu es différent. Imprévisible. Il n'est pas habitué à ça. Un jeunot, quoi. Tu le fixes encore une minute, puis, lentement, tu hoches la tête. Il cesse enfin de se crisper, et ne retient pas un soupir de soulagement. Tu aurais pu sourire, ou rire, ou te moquer de lui, mais non. Sans un mot, sans un bruit, tu tournes les talons, et tu t'en vas.

La Clairière Céleste. C'est une petite île isolée par un lac peu profond. Mais aujourd'hui, malgré la chaude température, tu n'as pas envie de faire trempette. Bâillant à t'en décrocher la mâchoire, tu observes les alentours. Tout est vert et luxuriant... Rien à voir avec les plaines arides et jaunies dont tu as l'habitude, où le vent soulève des nappes de sables et fait bruire les tiges craquantes, apportant à tes oreilles le doux frou-frou des serpents à sonnette. Ici, ce sont des roseaux, où des grenouilles invisibles poussent des croassements brefs, comme une gamme chromatique. Dans les branchages des arbres, des oiseaux décochent des arpèges ; parfois l'un d'eux, au plumage le plus souvent coloré, s'envole de son perchoir pour en gagner un autre. Tu regarde tout ce petit monde s'activer autour de toi. Toi, tu restes immobile. Comme si tu faisais partie du décor, un élément insignifiant du tableau. Tu n'es plus que statue, ombre parmi les ombres. Plus rien. Tes yeux se ferment à demi, et tu vides ta tête de toute pensée. La chasse attendra.
Revenir en haut Aller en bas
 
You believe the world to belong to you.
Revenir en haut 
Page 1 sur 1

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Warriors Wild :: Terres Libres. :: La Clairière Céleste.-
Sauter vers: